Pourquoi une arche de vie ?

Manifeste pour la création d'une réserve de vie sauvage en libre-évolution

 

Nous portons tous les traces, les stigmates d'une coupure avec la nature.

Cette séparation s'exprime à travers la façon dont nous considérons et traitons la vie autour de nous, et des conséquences qui en résultent. Héritiers d'une longue tradition où l'être humain, supérieur, domine la nature, il semblerait que nous ayons progressivement tout oublié des lois qui régissent le vivant. Des lois que l'on (re)découvre de plus en plus axées sur la coopération plutôt que sur la compétition. Des fonctionnements d'une richesse, d'une complexité et d'une interconnectivité bien loin d'une vision mécaniste, linéaire et fonctionnelle que nous adoptons encore souvent.

 

Les conséquences de cette déconnexion à l'échelle planétaire ne sont plus à prouver et la destruction des milieux de vie devient critique pour la

survie de trop nombreuses espèces, y compris la nôtre. Il est nécessaire de revoir notre façon de considérer la nature comme étant un ensemble de ressources à notre disposition, de se reconnecter au monde vivant et de lui reconnaître sa valeur intrinsèque.

 

      L'expression scier la branche de l'arbre sur laquelle nous sommes assis me semble littéralement pertinente. Après la déforestation, nous nous coupons l'herbe sous le pied. Et si la forêt précède les peuples, le désert les suit comme l'a si bien dit François-René de Chateaubriand. Toutes ces expressions illustrent pour moi les conséquences de nos façons modernes et individualistes de penser.

 

      Cet article va présenter succinctement certaines pistes de réflexion, qui amènent au projet de la création d'une « réserve de vie sauvage », qui seront abordées de façon plus approfondie ultérieurement.

 

État des lieux

 

L'être humain a profondément modifié son environnement depuis des millénaires. Ses impacts n'ont fait que de s'aggraver au fil

du temps, se caractérisant notamment par le recul toujours plus important des zones humides et des forêts primaires, n'existant plus sur le territoire français. Les zones « naturelles » sont devenues très rares et isolées, et il n'existe plus que quelques reliquats de nature dite « sauvage » en Europe. C'est le cas de la célèbre forêt de Bialowieza, considérée comme la dernière forêt à caractère primaire d'Europe. Elle constitue aujourd’hui l'écosystème forestier avec le plus haut degré de naturalité. Elle est cependant soumise à des pressions d'exploitation forestière et de chasse importante, et seule une très petite partie reste « protégée » intégralement. Cela veut dire que les formes (densité, types d'essences et de peuplements, âge...) et les superficies des forêts dans l'ouest de l'Europe résultent majoritairement, pour ne pas dire totalement, de l'action de l'humain.

 

Intéressons nous à la perception que nous avons du vivant, et de la façon dont nous évaluons le degré de naturalité de notre

environnement. Le concept de naturalité renvoie ici au caractère sauvage d'un espace naturel, à ce qu'il serait dans son état naturel supposé, en l'absence d'activités humaines significatives. Bien-sûr, ce terme est subjectif et relativement théorique car le climat, la biodiversité et le paysage ont constamment évolué depuis les premières activités humaines, et la notion même d'absence d'interventions anthropiques est illusoire à la vue de l'impact global de l'Homme sur la planète. Néanmoins, cette notion, qui s'exprime plutôt en degré, vient compléter les mesures de biodiversité consistant au référencement du nombre d'espèces (une approche très réductrice pour qualifier un écosystème), dans la valeur écologique globale d'un milieu.

 

Nous sommes tant habitués à vivre au sein d'espaces fortement anthropisés et

artificialisés que notre évaluation du « sauvage » est souvent bien loin des potentiels écologiques « naturels ». Par exemple, les forêts qui ne sont pas exploitées depuis plus de 50 ans ne représentent qu’environ 0,2 % des forêts françaises.

 

Ce que nous percevons comme des environnements, des paysages sauvages ou

naturels sont issus des politiques de gestion pratiquées depuis des siècles. Nous n'avons souvent pas conscience des multiples pressions anthropiques qui ont profondément modifié ces écosystèmes et qui pèsent encore à l'heure actuelle, que ce soit par l'exploitation du bois et son intensification, le pastoralisme, l'agriculture, le tourisme, la chasse, la disparition des grands herbivores et carnivores, les incendies, le contrôle des fleuves et la destruction des zones humides, les pompages et irrigation, les séquelles de guerre… Ces modifications ainsi qu'une partie de leurs conséquences sont fréquemment ignorées et/ou « invisibles » immédiatement, bien que palpables à d’autres échelles. Donnons en exemple les traces de modifications physico-chimiques du sol datant de labours gréco-romain. L'accroissement des surfaces forestières cache un appauvrissement croissant en termes de naturalité et de biodiversité de ces boisements ou plantations. Simultanément à cet accroissement, on constate un recul massif des haies et des bocages, contribuant à un morcellement toujours plus important des espaces forestiers. De plus, l'âge de coupe en sylviculture a drastiquement baissé ces dernières années. Cela engendre des boisements rajeunissant, entraînant des conséquences écologiques majeures comme sur le développement de nombreuses espèces dépendantes de la maturité des arbres.

 

Nous projetons bien trop souvent une vision de rentabilité économique sur la nature et purement utilitaire, cela couplée à une vision de

gestionnaire. Nous parlons, par exemple, d'investissement en bois sur pied pour parler d'une forêt ou quantifions les « services » rendus par la nature, comme argument économique. Il est important de noter que notre relation au sauvage, nos façons de voir et de penser la nature sont profondément culturelles. En effet, il existe de fortes disparités nationales sur la perception de la nature sauvage, dont découlent la plupart des logiques d'interventions sur nos territoires. En France, les politiques de gestion sont particulièrement imbriquées dans une profonde vision anthropique de propreté et de contrôle.

 

Rendre des espaces en libre évolution

 

C'est ainsi qu'infiniment peu d'espaces sont laissés à eux même, pour eux même et ce sur des périodes très courtes, empêchant les

dynamiques de régénération de s'installer durablement. La nature sauvage fait peur et l'idée que l'intervention humaine est nécessaire à la bonne santé d'un écosystème est encore majoritairement répandue. Il nous est très difficile d'accepter les processus d'ensauvagement. La plupart du temps, c'est simplement par habitude, par ignorance ou car cela ne fait pas propre. La présence de bois mort par exemple est souvent perçue comme un indice de forêt ou de berge mal entretenues. Or, ce bois mort est un facteur majeur et essentiel de la biodiversité de l'écosystème et de la fertilité du sol. Sa disparition est une cause importante des extinctions massives d'espèces d'insectes et de champignons saproxyliques, c'est-à-dire se nourrissant du bois mort, qui composent la majeure partie de la biodiversité d'une forêt ancienne et mature. La présence de bois mort et de vieux arbres est à ce titre un des indices de l'évaluation du degré de naturalité.

 

Il est dur d'accepter que les phases de regain de la forêt semblent pour le moins chaotiques à nos yeux les premières années, voir

décennies. L'enfrichement (connoté négativement dans le langage courant) est souvent mal perçu dans les communautés paysannes, qui ont pendant longtemps essayé d’enrayer ces dynamiques naturelles tendant à la reforestation. C'est comme si notre vision partielle nous faisait croire que nous perdions quelque chose, au lieu de nous réjouir de la présence et de la richesse des processus dynamiques. Observons-nous, ne serions-nous pas un peu maniaques de la gestion ? Et si, pour un instant, ou comme un jeu, nous regardions ce qui nous dérange vraiment dans le fait de ne pas tout contrôler ? Et si nous laissions simplement s'ensauvager une partie du jardin, du champ, de la montagne, du paysage ? Quelles sont les origines de ces façons de penser ? Comment remettre en cause nos comportements interagissant avec les autres espèces vivantes ?

 

Alors il existe bien entendu une multitude de statuts de protection au niveau national

et international, qui ont pour but la conservation, la valorisation, la restauration ou la compensation après dommages d'espaces naturels. Il faut néanmoins savoir que la quasi-totalité de ces statuts intègrent des constantes anthropiques (culturelles) plus ou moins fortes. La loi de 2006 qui a réformé le statut des parcs nationaux et régionaux a en effet considérablement accru l’empreinte humaine sur ces espaces : l'élevage, le pastoralisme, le tourisme, la cueillette et l'exploitation du bois possibles dans tous les parcs nationaux, et la chasse autorisée dans 70 % des réserves naturelles.

 

De plus, ces espaces « protégés » sont étroitement gérés, en particulier pour éviter

la fermeture des milieux, tout comme la lutte contre les espèces exotiques « invasives ». Ce point démontre notre difficulté à accepter les dynamiques naturelles d'une part, et de façon plus englobante notre réticence du sauvage et du spontané. Nous justifions d'ailleurs cette difficulté par des arguments souvent bancals en termes biologiques. Alors que nous savons qu'un écosystème forestier « primaire » présente la plus forte biodiversité, nous arguons cette même protection de la biodiversité, en se focalisant sur une ou deux espèces « phares » pour empêcher le retour spontané des arbres par des interventions chimiques et/ou mécaniques pour la « destruction des ligneux », qui menaceraient la biodiversité. Il s'agit bien d'un choix de gestion, et qui est majoritairement utilisé. Le 3 février 2009, le parlement européen vote une résolution visant à protéger et développer des zones de nature vierge en Europe pour le futur. Les députés rappellent la rareté de ces espaces et leur rôle irremplaçable comme la place centrale de ces espaces dans le réseau Natura 2000. Alors qu'en France où l'on a favorisé une gestion contractualisée et interventionniste, sur onze types de contrats Natura 2000 finançables en forêt, un seul (Îlot de sénescence) privilégie la non-intervention.

 

Il est évident que « gérer » un fragment de forêt pour maintenir certains milieux ouverts comme des tourbières ou des prairies sèches,

permet de compenser ponctuellement certaines altérations, notamment l’absence des grands mammifères et de leurs migrations. Encore faudrait-il se demander pourquoi ? Nous sommes responsables de la disparition de ces grands herbivores et carnivores (rennes, bisons, loups, ours…) qui occupaient, entre autres, des rôles importants de façonnage des paysages tout en participant à la régulation des cycles naturels. Les zones humides disparaissent encore plus vite que la forêt primaire à l'échelle mondiale. Nous avons abaissé la limite de végétation (la zone en montagne liée à l'altitude où les arbres ne peuvent naturellement plus pousser) à cause de nos pâturages. La conscience collective voudrait que nous agissions pour préserver les paysages tels que nous les connaissons. Il va sans dire que ce ne sont pas les arbres qui font disparaître les prairies et les tourbières, les orchidées et le grand tétra. Ce sont les humains.

 

A l'échelle européenne, la notion de naturalité et de zone sauvage grandit et prend une place de plus en plus importante dans la volonté de

préservation. Certaines associations comme Rewildingeurope ou WildEurope œuvrent dans le sens d'un maillage d'espaces réellement sauvages à l'échelle du continent. Comme vu précédemment, la France reste réticente à la notion de sauvage, de libre-évolution et de non–intervention.

 

Les seules étendues à réelle vocation de naturalité sont les réserves intégrales en libre évolution, qui permettent à des enclaves de nature

d'évoluer avec le moins d'impacts anthropiques possibles. En réalité, elles résultent majoritairement d'initiatives associatives et privées. Les quelques zones gérées par l'État le sont à des fins de recherches scientifiques.

 

Créer des espaces sans intervention humaine peut être perçu comme une façon dualiste de percevoir les choses, la nature d'un côté et

l'homme de l'autre, comme s’il n'en faisait pas partie. Opposer nature et culture. Certains diraient même que de telles zones sont comme des musées sans lendemain. Ce sont des considérations très intéressantes. Toutefois, à l'heure actuelle où la conscience humaine et les sociétés en découlant ne prouvent manifestement pas d’harmonie avec le vivant, il paraît vital de démultiplier ces espaces. La superficie de ces lieux en libre évolution gagneront à être étendue, mais leur multiplicité améliore le maillage écologique et le rayonnement à l'échelle du grand paysage. L'équilibre du sol par exemple est d'une telle complexité qu'exclure les activités humaines peut s’avérer indispensable à sa régénération ou sa préservation. Surtout, à l'échelle nationale, ces emprises sont infimement représentées en comparaison aux espaces investis par humain.

 

La complexité des échanges qui régissent une forêt, qu'ils soient biologiques, chimiques, énergétiques, climatiques, sont majoritairement

imperceptibles par nos moyens humains... Des dizaines de milliers d'espèces interagissent constamment en échangeant des informations, en partageant des ressources à travers des processus qui ne cessent de nous étonner et nous émerveiller.

 

Voilà pourquoi il est important, vital même, de créer des réserves de vie en libre évolution, jouant un rôle nécessaire de sanctuaire.

Permettre à un territoire de retrouver progressivement son potentiel écosystémique et ce, dans toutes ses interactions et à toute échelle. Lui offrir l'espace et le temps nécessaire à sa régénération. Permettre à ces macro-organismes de vivre tranquillement et d'exprimer toutes leurs potentialités.

 

Rôle de sanctuaire

 

En attendant de grandir et d'acquérir plus de maturité et d'humilité pour arriver à un fonctionnement de réel partenariat, créer des arches

de vie sans pressions humaines, éloignées de toutes considérations économiques de rentabilité, de gestion, de tout un amas de concepts d'intégration culturelle est un palier important, nécessaire et vital, ne serait-ce que comme réservoir de biodiversité, comme sanctuaire de la vie. Un espace calme, où ses habitants puissent trouver refuge et où notre inconscience ne vienne pas interférer.

 

Dans de nombreuses traditions anciennes et chez de nombreux peuples, des espaces naturels ont été inaccessibles aux humains et/ou à

ses activités sur de longues périodes. Ainsi, des montagnes, des forêts, des rivières étaient considérées comme sacrées, que ce soit des lieux de cultes, dédiés aux ancêtres ou aux esprits, ou encore évoquant d'autres motifs religieux, spirituels ou culturels. Nous avons perdu l'habitude de ne pas être maîtres du moindre brin d'herbe, ou de se référer à plus grand que nous dans nos prises de décisions.

 

Reprendre contact avec le vivant, c'est aussi, reprendre contact avec le sacré de la vie. Accepter les choses qui nous dépassent, ou que

nous ne connaissons pas encore. C'est redonner de l'espace au mystère. C'est aussi retrouver une certaine humilité par rapport au vivant qui nous entoure, et à notre rôle au sein de celui-ci. Ces sanctuaires enseignent aussi à œuvrer avec plus de coopération au sein du vivant, en comprenant mieux la notion de partenariat, de commensalisme ou encore de symbiose.

Rôle de conservation, expérimentation, recherche, observation

 

Un tel espace refuge participe à la conservation, l'observation et la recherche. Bien

entendu, plus la surface sera importante, plus ce rôle sera développé. Conservation est ici utilisé dans son sens de préservation, de l'espace et des espèces.

 

Cela permet également d'observer et d'étudier les dynamiques spontanées des

écosystèmes en un lieu et contexte précis. Les domaines d'observation, de recherche et d'apprentissage sont particulièrement vastes. Bien qu'il faudrait des siècles pour avoir une vue globale sur l'évolution des forêts, observer les résultats à l'échelle de la vie humaine est profondément passionnant. Il est même possible que l'étude des processus naturels de régénération de zones ayant subi des modifications plus ou moins importantes permette d'améliorer nos protocoles de reforestation et de régénération du sol. De plus, observer les espaces où la naturalité est élevée est un moyen efficace d'apprendre. Par biomimétisme, on peut créer de nouvelles méthodes de gestion et de production, en se calquant sur les fonctionnements naturels, et en conservant les espèces, les milieux et les processus qui la constituent. 

 

Promouvoir ces démarches implique l'acquisition de nouvelles connaissances concernant les bénéfices écologiques de telles structures.

Avec l’augmentation des connaissances et du niveau de conscience, l'efficacité des mesures de protection, de régénération, et de coopération avec notre milieu pourrons évoluer, vers plus de respect et de considération.

 

Ressources pédagogiques

 

La transmission est essentielle pour accélérer les prises de conscience concernant l’incroyable richesse du vivant et la nécessité de s’y

reconnecter. Ceci est fondamental pour que l’ensemble du tissu vivant puisse prospérer. 

 

Ces réserves représentent le support pédagogique idéal permettant l’élaboration d’une multitude d'outils de sensibilisation et de

connaissance du milieu forestier. Sensibiliser, informer, communiquer sur les écosystèmes et les fonctionnements des cycles biologiques ; le domaine est vaste ! Les plantes, les animaux, les champignons, les bactéries, la vie du sol, les équilibres physico-chimiques, les interactions intra et extra-spécifiques, les micro-habitats, la communication entre les végétaux... Découvrir, in-situ, un espace en libre évolution permet de ramener la forêt, la nature, au plus près de nous. Cela amène à réfléchir plus profondément sur les relations que nous entretenons avec elle. Cela pourrait même encourager les initiatives individuelles locales en termes de conservation et de préservation de tous types d'espaces. 

Avec le développement galopant des espaces urbanisés, des golfs et l’utilisation produits de traitement phytosanitaires (si “bio” soient-ils), de la disparition des aires et de la création d’axes routiers, chaque fragment ensauvagé participe au gîte, à la reproduction et à la ressource alimentaire des espèces animales, végétales et fongiques.

 

Conclusion :

 

L'existence de tels espaces représente une graine, un petit Oasis dans un monde en voie de désertification. Espérons que notre conscience

s'enrichisse au contact d'une nature qui s'ensauvage, que nous l'acceptions, que nous l'encouragions et que nous apprenions ! Le vivant représente une source d'inspiration importante pour beaucoup. Qu'elle redevienne également une source d'apprentissage et de compréhension de notre monde, tant intérieur qu'extérieur.

 

Si nous ne sommes pas séparés, bien que nous le vivions parfois comme tel, que nous faisons partie intégrante de la nature, que nous

représentons un des maillons de la trame de la vie, un problème d'un côté entraînerait forcément des conséquences de l'autre.

Si un symptôme peut nous renseigner sur l'état général d'un système ou du corps, si le symptôme d'un individu peut nous renseigner sur l'état d'un groupe, si un groupe peut nous renseigner sur celui d'une société, si le symptôme d'une espèce peut nous renseigner sur l'état de l'écosystème qui lui est lié ? À ce moment-là, que pourraient nous indiquer les symptômes de notre société moderne ?

Si nous ne savons plus lire et décoder les déséquilibres autour de nous, peut-être pouvons-nous faire germer l'idée que notre bien-être va de pair avec celui de ce qui nous entoure ?

 

Le monde reflète la société actuelle. Par exemple, l'immaturité croissante de notre société de consommation pourrait-elle avoir un lien

avec la disparition des vieux arbres et le rajeunissement important des forêts ? Laissons donc vieillir les arbres, afin de leurs redonner toute leur place de gardiens de la mémoire, de sages détenteurs de connaissances et réapprenons donc à écouter. Dans une logique de transmission intergénérationnelle, il semble important pour notre psyché et notre propre construction de pouvoir évoluer au sein d'êtres vivants bien plus vieux que nous, nous permettant d'intégrer les composantes de continuité temporelle. En particulier dans un monde où la course au rendement fait oublier jusqu'au concept même de génération future.

 

Comme le disait Robert HAINARD, naturaliste et artiste de son époque, "un jour viendra, et plus tôt qu’on ne pense, où le degré de

civilisation se mesurera non à l’emprise sur la nature, mais à la quantité et à la qualité, à l’étendue et à la sauvagerie de nature qu’elle laissera subsister." (Défense de l’image ,1967)

 

 

Florelle ANTOINE - Ethno-botaniste, Secrétaire Générale Hyzaekû