Une action pour la saison :    Des abris pour l’hiver

Pendant la saison froide, les animaux développent des stratégies différentes pour affronter les températures basses et la pénurie de nourriture. Certains hibernent, d'autres hivernent, certains se mettent dans une sorte de stase, pour mieux « renaître » au printemps suivant, certains continuent de vivre activement et doivent chercher chaque jour leur nourriture. Peu importe la stratégie adoptée, tous ont besoin d’un abri pour la saison froide.

 

Vous pouvez vous demander pourquoi aborder ce sujet dans la newsletter d'automne, où l'hiver n'est pas encore là. Et bien trouver un bon abri, cela se prépare. Il faut trouver un nid douillet avant que les températures ne chutent, c'est à dire, suivant les températures, à la fin de l’automne. L'automne est un moment propice pour repérer et préparer dans son jardin différents abris. C'est également la fin des floraisons des fleurs et des arbustes que nous taillons en masses, nous « nettoyons » les herbes sèches, les tiges, les branches et les feuilles qui tombent...Toutes ces matières primordiales pour que les animaux puissent passer l'hiver !

C'est donc le bon moment si nous souhaitons apporter notre concours à la grande recherche des abris hivernaux.

Du plus petit au plus grand (bien qu'il soit plutôt rare d’accueillir des ours dans notre jardin), nous pouvons contribuer à laisser ou fournir des abris potentiels, qui en ravirons plus d'un.

 

Pourquoi mettre à disposition des abris ?

 

Entre une forêt naturelle extrêmement riche en cavités, cachettes, micro habitat et une pelouse rase de jardin « entretenu » à très forte artificialisation, il y a un monde. Les environnements occupés et transformés par les humains sont bien loin d'un environnement naturel, adapté au besoin de tous et riche de diversité. Il est bien difficile pour les animaux sauvages vivant avec nous (souvent sans que nous le sachions) de trouver refuge et nourriture.

 

Les besoins de chacun : de quelles façons pouvons-nous les aider ?

 

Les insectes

 

Beaucoup d'insectes passent l'hiver sous terre, dans la litière de feuilles mortes où ils sont protégés, dans les anfractuosités des écorces des vieux arbres, dans les tiges creuses des herbes sèches de l'année ou celles contenant de la moelle protectrice, les petites branches mortes sur les arbres sains etc. Ils sont également nombreux à se réfugier à l’intérieur des logements pour se mettre au chaud lorsque cela est possible. D'autres migrent pour des contrées plus chaude (certains papillons migrent, comme les oiseaux, de plusieurs milliers de km !). D'autres encore passeront l'hiver sous forme d’œufs pondus à l'automne et de larves, protégées de différentes manières. Ils recherchent généralement des endroits secs et garnis de matériaux isolants.

 

Pour cela, ils ont besoin d'une litière de feuilles abondantes, de murets de pierres non jointés, d'écorces de vieux arbres, de troncs, de pailles, d'anciens nids d'oiseaux etc.

 

Soyez indulgents avec les insectes qui se réfugient dans les glissière de fenêtres ou dans les coins des pièces, ils ne sont là que pour se protéger et repartiront tranquillement dès que la températures augmentera de nouveau (si vous les remettez dehors, il y a de fortes chances que le choc thermique les tue s’ils ne trouvent pas un abri pour le soir même).

 

Ne soyez pas trop pressé de « nettoyer » toutes les herbes sèches, les branches, les feuilles. Plus vous laisserez de la matière sèche, plus cette matière assurera une protection contre le froid.

 

Un tas de feuilles morte, un tas de branchage, des amas d'herbes sèches, un tas de pierres sont autant d'abris potentiels que vous pouvez laisser ou mettre en place au jardin. Et quand les refuges naturels manquent, des abris construits par vos soins peuvent les aider à survivre et à se reproduire.

 

Les abris à insectes pour l'hiver essayent de reproduire les sites d'hibernations naturels. Ils sont généralement constitués d'une boîte percée de trous ou de fentes, et remplis de feuilles mortes, de pailles, de foins, de copeaux de bois, de lanières de papier kraft, de pommes de pins, etc. Au lieu de détruire les grandes tiges sèches et creuses des herbes par exemple, profitez-en pour fabriquer un nid douillet. Leurs parois épaisses et leurs tissus spongieux sont de très bons isolants contre le froid.

 

Concernant les abris à insectes « tout fait » que l'on trouve dans le commerce, ou qui sont souvent relayés par les médias, ils ne sont pas forcément les plus adaptés, loin de là. Il existe autant de façon de s'abriter que d’espèces animales, et chacune à des besoins spécifiques, que ce genre « d’hôtel à insecte » ne respecte pas. Il convient plutôt de réaliser des abris à insectes mono-spécifiques, c’est-à-dire des maisons à insectes pour une seule espèce ou un seul type d’insecte. Et puis c'est bien plus rigolo, cela nous permet d'en apprendre plus sur les nombreux insectes qui peuplent la nature et la façon dont ils vivent.

 

Par exemple, il existe un grand nombre d’abeilles sauvages qui nichent au sol dans des terres très sableuses. Ces surfaces sont plutôt rares au jardin et nous pouvons par exemple leur mettre en place un petit « sandarium », que nous prendrons garde de ne pas piétiner avant la fin du printemps prochain. Certaines abeilles nichent dans des tiges contenant de la moelle (comme le sureau, les ronces, les rosiers) tandis que d'autres apprécient les tiges creuses (bambous, roseaux...). Certaines aiment les tiges verticales, d'autres horizontales...

 

Vous trouverez de nombreux conseils sur la fabrication de tels abris sur internet ou dans la littérature spécialisée. Soyez créatifs, faites des essais, observez !

 

Les mammifères

 

Dans la nature, les mammifères vont se creuser des terriers, occuper ceux creusés par d'autres, se réfugier dans des trous creusés par les pics dans les vieux arbres, bref, tout ce qui peut les contenir, et contenir la chaleur. Les petits mammifères qui hibernent, comme les loirs, les lérots, les hérissons nécessitent un abri qui ne sera pas dérangé de toute la saison. Pour les plus petits, ils occupent fréquemment les nichoirs à oiseaux, inoccupés pendant l'hiver, et les quitteront avant le retour de ces derniers. C'est parfait, n'enlevez pas les nichoirs que vous avez installés ! On ne sait jamais, il est possible qu'un petit rongeur puisse y élire domicile pour sa longue sieste. Les hérissons vont préférer un gros tas de feuilles et de branches, voire un tas de bois si celui-ci est bien protégé. Il est très facile de fabriquer des abris à hérissons, ceci dit, là encore, il est très important que ces abris ne soient pas dérangés, car un réveil intempestif peut leur être fatal. En effet, tous ces animaux ralentissent plus ou moins leurs fonctions vitales, et le réveil demande une quantité phénoménale d’énergie. D’où le challenge important de beaucoup d'animaux de faire des réserves importantes de gras avant l'hiver.

 

N'hésitez pas à fabriquer des abris à chauve-souris dans lesquels elles pourront hiberner, et qui ne seront pas dérangés de tout l'hiver, car comme les hérissons, le moindre réveil peut leur être fatal.

Donc, avant de tailler vos massifs ou de nettoyer votre grenier, veillez à bien regarder si un hérisson ou une chauve-souris n’a pas prévu de passer l’hiver à cet endroit.

 

Les oiseaux

 

Beaucoup d'oiseaux sont connus pour aller passer l'hiver sous d'autres latitudes, qui leurs sont plus favorables, lors des grandes migrations. Certains préfèrent passer l'hiver chez nous. C'est dans les arbres, les arbustes, les cavités des vieux arbres qu'ils pourront alors s'abriter. Malheureusement, ces cachettes se font rares. Les abris que constituent les vieux lierres et les ronciers sont alors vitaux pour les petits passereaux pour se protéger des températures des nuits hivernales.

 

Les reptiles et les batraciens

 

Si le sol est un excellent abri pour des invertébrés, il peut l'être également pour des animaux plus gros comme les serpents et les lézards qui vont se retirer sous de grosses pierres ou pour les tortues dans le sol et la litière. Les reptiles apprécient grandement les murets de pierres non jointés dans lesquels ils pourront s'abriter pour toute la saison froide. Vous pouvez facilement disposer des pierres que ce soit sous forme de muret, de spirale, ou même de tas. Les amphibiens vont préférer des tas de feuilles ou de bois protégés, où ils pourront se mettre à l'abri.

 

Vous le voyez, la plupart des animaux terrestres ont des besoins similaires en termes de cachettes et d'abris pour l'hiver. Un gros tas de feuilles mortes laissé jusqu'au printemps suivant, un tas de bois qui ne sera pas touché, un petit muret en pierres sèches... ce sont autant de petites choses que nous pouvons mettre en place facilement, qui sont esthétiques et qui peuvent grandement favoriser la biodiversité autour de vous. Ne négligez pas ces petites actions car c'est par toutes ces petites choses que la vie est possible. Regardez, observez la nature, voyez comme chaque petit coin est occupé, est différent, est agencé pour que chacune des centaines de milliers d’espèces qui peuple notre continent puisse y trouver une place adaptée.

 

Si vous trouvez un tel animal réveillé durant les mois d’hiver, de décembre à février, vérifiez tout d’abord si vous ne voyez pas son abri ou ses semblables aux alentours.

Si ce n’est pas le cas, recueillez-le et placez-le au chaud le plus rapidement possible. Installez le dans un carton avec de la nourriture (croquettes pour le hérisson, petits insectes pour les chauves-souris, et de l’eau). Appelez un centre de soin pour la faune sauvage, qui pourront vous donner des conseils adaptés.

 

Florelle Antoine