Lueur d’espoir pour l’Amazonie : Réduction de la déforestation en 2023

Contexte mondial de la déforestation

 

La déforestation demeure l’une des grandes tragédies écologiques de notre époque. En 2023, ce sont environ 28 millions d’hectares de forêts qui ont disparu dans le monde, une surface équivalente à 50% de celle de la France. Ce phénomène touche particulièrement les forêts primaires, ces écosystèmes vierges essentiels pour la biodiversité et le stockage du carbone. Depuis plusieurs décennies, la perte de forêts s’accélère, provoquant des déséquilibres environnementaux critiques.

Les forêts primaires jouent un rôle unique. Non seulement elles sont des réservoirs irremplaçables de biodiversité, abritant des espèces végétales et animales uniques, mais elles absorbent également d’importantes quantités de dioxyde de carbone. Leur disparition contribue directement à l’aggravation du changement climatique. Face à cette situation alarmante, il est donc essentiel de surveiller les progrès réalisés pour freiner cette destruction.

 

Le succès de la lutte contre la déforestation au Brésil

 

Malgré ce contexte global préoccupant, une lueur d’espoir est apparue en 2023 avec une baisse significative de la déforestation dans certaines régions clés. Le cas le plus emblématique est celui du Brésil, où la perte de forêts primaires a diminué de 36 % par rapport à 2022, atteignant son niveau le plus bas depuis 2015. Ce résultat est particulièrement encourageant compte tenu du rôle central que joue l’Amazonie dans la régulation du climat mondial.

Cette baisse est principalement attribuée aux actions politiques du président Luiz Inácio Lula da Silva, réélu en 2022. Lula a fait de la lutte contre la déforestation une priorité de son mandat, après une période de recul sous le précédent gouvernement.

Parmi les mesures prises, on peut citer :

 

- L’annulation de projets miniers dans les zones protégées, notamment sur les terres autochtones.

- Le renforcement de la surveillance par satellite, permettant de détecter les déforestations illégales et d’imposer des sanctions économiques aux propriétaires terriens impliqués.

- La restauration du Fonds amazonien, financé par des pays développés pour soutenir les programmes de lutte contre la déforestation.

- La légalisation de plusieurs territoires autochtones, leur accordant une protection juridique accrue contre l’exploitation illégale.

 

Ces actions ont porté leurs fruits rapidement, en dépit des défis logistiques et politiques, démontrant que des résultats concrets peuvent être obtenus lorsque la volonté politique est forte.

 

La Colombie suit l’exemple

 

Un autre pays qui a enregistré des progrès notables en 2023 est la Colombie, où la déforestation des forêts primaires a chuté de 49 % par rapport à l’année précédente. Ce recul coïncide avec l’élection du président Gustavo Petro, en août 2022. L’un des aspects les plus remarquables de la stratégie de Petro a été sa décision de négocier avec des groupes armés opérant dans des zones forestières sensibles. L’objectif explicite de ces négociations est de limiter la destruction des forêts dans des régions autrefois en proie à des conflits armés.

Depuis la signature de l’accord de paix avec les FARC en 2016, la déforestation avait fortement augmenté en Colombie, en raison de l’abandon de certaines zones par les anciens guérilleros, ouvrant la voie à l’exploitation forestière illégale. En négociant directement avec ces groupes, le gouvernement a pu endiguer une partie de cette tendance et amorcer une réduction significative de la déforestation.

 

Des résultats encourageants mais fragiles

 

Bien que les résultats observés au Brésil et en Colombie soient très encourageants, ils restent fragiles et nécessitent d’être confirmés sur le long terme. Une seule année de baisse ne suffira pas à inverser les décennies de destruction qui ont précédé. Il est donc essentiel de maintenir les efforts et de poursuivre les politiques en faveur de la protection des forêts.

Par ailleurs, tous les pays ne connaissent pas cette dynamique positive. En Bolivie, par exemple, la déforestation continue de croître, en grande partie en raison des incendies, de l’agriculture et de l’élevage. D’autres régions, comme la République démocratique du Congo et l’Indonésie, connaissent également une augmentation de la perte de forêts primaires, notamment due à l’expansion agricole (soja, huile de palme) et à l’exploitation minière.

 

Les progrès réalisés au Brésil et en Colombie en 2023 montrent que la lutte contre la déforestation est possible et peut être efficace. Ces exemples offrent un espoir pour la préservation des forêts primaires, si cruciales pour la régulation du climat et la protection de la biodiversité. Toutefois, les défis restent nombreux et la vigilance doit être de mise pour que ces premiers succès se transforment en une tendance durable.

 

Hélène Soing