Des nouvelles de la réserve : Pézizes et mycorhizes

 

Cet été, nous avons abordé le sujet fascinant des champignons  : comment ils vivent, comment ils fonctionnent ainsi que leurs nombreux rôles écologiques. Comme nous l’avons vu, nombre de champignons vivent dans le sol, sous forme de filaments plus ou moins microscopiques qu’on appelle hyphes, et nous ne voyons souvent que la partie émergée de la « bête ».

 

Nous allons maintenant en découvrir un peu plus sur un champignon et le genre auquel il appartient. Lors d’un inventaire réalisé l’année dernière dans la partie haute de la réserve, nous avons pu observer un carpophore (l’organe de reproduction du champignon, qui sort du sol) d’un champignon particulier : une belle étoile violette ouverte, posée sur le sol.

Il s’agit d’une espèce de pézizes, dénommée plus précisément la pézize couronnée.

Les pézizes constituent un vaste groupe de champignons ascomycètes, répartis en plusieurs genres différents (les champignons ascomycètes se différencient des basidiomycètes entre autres par des structures de reproduction et de production de spores différentes).

Les pézizes, et notamment le genre Péziza adoptent généralement une forme de coupes ou de petits godets, d’où est tiré leur nom. Une partie de ces pézizes offre à la vue des couleurs vives magnifiques. Toutes ces espèces de pézizes sont spécialisées dans la décomposition de la matière organique.

La pézize couronnée est une espèce printanière, qui se rencontre dans les sous-bois de conifères ou de feuillus sur terrain calcaire. Elle aime « pousser » en groupe.

Elle se présente au début comme une boule plutôt blanche, qui s’ouvre ensuite, révélant un beau violet plus ou moins foncé. Elle doit son nom au fait qu’en s’ouvrant vers l’extérieur elle crée de petites déchirures triangulaires lui donnant quelques fois l’aspect d’une couronne ou d’une étoile, bien que ce ne soit pas tout le temps le cas (ce sont le plus souvent des déchirures désordonnées). Sa belle couleur violette permet de l’identifier facilement. Comme beaucoup d’autres pézizes, ce n’est pas un champignon que l’on rencontre fréquemment.

 

Les pézizes couronnées vivent sur les débris végétaux, et participent à leur décomposition. Ces champignons, comme probablement les milliers d’espèces vivant avec lui dans le sol de la forêt, vit en association mycorhizienne avec les racines d’un ou plusieurs végétaux (ici en ectomycorhizes plus précisément, c’est-àdire que les champignons forment un réseau d’hyphes autour des racines de la plante, créant ce que l’on appelle un « manteau mycorhizien » comme une sorte de manchon souvent coloré, mais sans pénétrer dans les cellules de la plante). Les champignons ectomycorhiziens établissent une association particulièrement étroite avec les arbres et les arbustes dans les zones forestières tempérées. Souvenez-vous, plus de 90 % des plantes terrestres vivent en association avec des champignons dans le sol, au niveau de leurs racines.

Bien qu’il s’agisse d’une espèce printanière, vous pouvez rencontrer bien d’autres espèces de pézizes en automne (il existe des dizaines d’espèces différentes). Nombre d’entre elles sont appelées en français, en référence à des oreilles d’animaux : oreille d’âne, oreille de lièvre, oreille de cochon... Alors ouvrez l’œil pour repérer ces champignons particuliers en forme de coupelle !

N’espérez pas cependant les manger, seules quelques espèces sont considérées comme réellement comestibles après cuisson, car toutes les autres sont catégorisées comme toxiques crues. Renseignez-vous bien sur leur potentielle comestibilité avant de vouloir les manger !

 

Florelle Antoine